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Django unchained

Django_Unchained_PosterIn a nutshell: If you appreciate marathons, here is a review which should make you happy, as if it were longer, it’d be considered a novel. For Tarantino’s latest flick we sent a grumpy fan, the lovely Mlle L. She came back mostly grumpy and less of a fan. A discordant voice in what Mlle L. would consider a sickening chorus of praise. Unchain Django? Sure, but mostly unchain Tarantino, from himself.

Lecteurs, lectrices.

Dans les moments de doute, de tristesse, de désespoir parfois, le capitaine du navire en péril se doit de regarder la tempête droit dans les yeux, et sait faire face à la vague destructrice avec un moral qu’il conserve d’acier (trempé, aha). C’est pourquoi, en ce jour funeste, je n’ai pas peur de déclarer franchement, en regardant à mon tour la houle furieuse dans le blanc de son oeil glauque:

Quentin Tarantino et moi, c’est le divorce.

Et Django Unchained, c’est du travail de gros médiocre.

Django-Unchained-Still-6

Tarantino prépare la contre-attaque

Oui, je m’explique, et même en détails. Parce que moi, là, le Tarantino, je vais l’aligner méthodiquement et sans pitié. Ça prendra le temps qu’il faudra, mais il va me le payer, son ratage de film – au centime près. Pour les impatients, je vous donne le programme en trois points, comme ça vous pourrez passer votre chemin, ou descendre directement à un paragraphe qui vous parle. Vous êtes libres.

1) inquiétudes préalables quant à la rencontre de Tarantino et du western

2) ah la vache que tout ça est mauvais

3) je diagnostique à Quentin une dépression suicidaire et je lui prescris du Magné B6.

On commence? allez.

1. Un western, Quentin? Vous êtes sûr de vous?

D’ores et déjà, j’admets que j’allais voir Django avec méfiance, malgré l’immense et admiratif amour que je portais à QT.

En effet, le choix du western m’apparaissait comme extrêmement dangereux pour mon réalisateur chéri: on le sait, Quentin “s’inspire” (c’est à dire qu’il copie) de larges pans du cinéma des autres. A mon sens, il avait toujours réussi à dépasser de façon fulgurante toutes ses sources d’inspiration. Faut dire… Il s’agissait des films de blaxploitation, des films de kung fu, des polars à trois balles des années 70… Le challenge n’était pas si lourd. Pour son film de guerre, Quentin a eu le bol ahurissant (le génie?) de choisir Christoph Waltz pour jouer Hans Landa, et est, grâce à lui, parvenu à élever son Inglourious Basterds au même niveau que The Dirty Dozen – en tout cas comme spectatrice j’ai ressenti un plaisir et une montée d’adrénaline équivalents.

Mais le western, c’est autre chose… D’abord c’est un genre que je connais à fond – au point que ça confinerait d’ailleurs davantage à la névrose qu’à l’érudition. Du western blaxploitation au western chinois, du très bon au parfaitement nul, je les ai tous vus! Alors autant dire qu’il allait avoir du mal à me surprendre, le Quentin, et que je le verrais drôlement venir quand il essaierait de me resservir la soupe piquée aux autres… En parlant des autres: malheureusement pour QT, il y a eu avant lui un nombre considérable de génies du western (Leone, Ford, Huston, Hawkes, Sturges, Pekinpah, même Eastwood, Costner et Ed Harris ont chacun à leur tour réalisé des westerns absolument subjuguants). Alors que des génies du film de kung fu… on en connait nettement moins. Fatalement, Quentin partait déjà avec un handicap.

Un handicap fumant.

Un handicap fumant.

De plus, le western est un genre fondamentalement inadapté à Tarantino: car si amouraché soit-il de la façon de filmer de Sergio Leone et des musiques d’Ennio Morricone, Quentin Tarantino livre toujours un cinéma que l’on ne peut que qualifier de verbeux (oui, je sais, un peu comme cette critique). Le silence est une chose inconnue à Tarantino – sur tous ses films, on compte au maximum 17 secondes de silence entre deux personnages, et ce dans Pulp Fiction, et l’incongruité supposée de ce silence est d’ailleurs soulignée quelques instants plus tard par Uma Thurman. Et ce n’est même pas du vrai silence, il y a Ricky Nelson qui braille une chanson en arrière plan sonore. Or le western, c’est presque par définition un genre qui repose sur le silence. Last Train from Gunhill, Apaloosa, L’Homme aux colts d’or, High Plains Drifter, Tombstone ou même Mon nom est personne, Le Bon la brute et le Cinglé comme Westworld ou Nevada Smith, Rolling Thunder ou Règlement de comptes à OK Corral, le western, quel que soit son pays d’origine ou son année de réalisation, s’articule toujours sur les espaces vides, la solitude, le silence. Quentin, lui, fonctionne à la tchatche. Mauvais présage.

Enfin, par pure mauvaise foi, j’ai décidé à l’âge de 12 ans que je détestais Leonardo di Caprio, et à l’âge de 25 que Jamie Foxx était un acteur sans intérêt, donc ça me donnait deux raisons de plus de redouter que Django unchained ne soit un film décevant.

Moi, mauvais? Mlle L., êtes-vous marteau?

Moi, mauvais? Mlle L., êtes-vous marteau?

Restaient quelques éléments auxquels je pensais pouvoir me rattacher: la franchise Django m’inspirait une immense sympathie, les histoires de vengeance, que QT maîtrise parfaitement, sont tout aussi nécessaires au western que le silence dont nous parlions tout à l’heure (donc il y avait moyen que l’une compensât l’autre), Quentin serait en outre certainement dans son élément pour la bande son, qui promettait d’être merveilleuse, et j’allais retrouver Christoph Waltz et Samuel L. Jackson, ce qui est un plaisir que l’on ne boude pas.

Je me suis plantée sur toute la ligne.

2. Mais… mais? Ce film est une grosse bouse!

D’abord, à ma grande honte, je dois reconnaître en Jamie Foxx un très grand acteur. Il incarne son personnage avec une justesse absolue, ce qui est d’ailleurs particulièrement flagrant en début de film, lorsqu’il n’est encore qu’un esclave silencieux et franchement dérouté par ce qui lui arrive; contrairement à beaucoup d’acteurs français, Jamie Foxx, même muet, même hors focus caméra, parvient à nous faire ressentir ses émotions, parfaitement en phase avec la réalité de son personnage. Chapeau.

Et quoi qu’il m’en coûte, je dois avouer que Leonardo di Caprio est quant à lui vraiment bien, mais je nuancerais mon éloge en suggérant (perfidement?) que son personnage est quand même très, mais alors très, facile à jouer, et que la justesse de son jeu ne relève donc pas du même genre de talent que celui dont fait preuve Jamie Foxx.

Un acteur un peu vert? Non, un acteur mûr!

Un acteur un peu vert? Non, un acteur mûr!

Samuel L. Jackson, lui, se fait très plaisir, dans un rôle qui ne sert à rien du tout mais qui lui a permis de se mettre une moumoute blanche et de se promener avec une canne, ce qui l’amuse tellement qu’on s’en accommode. Mais on est terriblement loin de la performance de Michael Parks dans son double rôle de Kill Bill 1 & 2, où l’acteur se rendait méconnaissable sans autre artifice que son pur talent. Dans le cas de Samuel L. Jackson, on est simplement content de retrouver un vieux copain et de voir qu’il est en bonne santé.

Et Christoph Waltz, alors? Ahlala. Waltz est toujours un immense acteur. En dépit de la nullité des dialogues que lui a écrits Tarantino. C’est accablant de vacuité. Le pauvre Waltz s’en dépatouille au mieux, mais passé un certain stade même un acteur aussi brillant que lui ne peut plus lutter. Ces dialogues sont tellement pleins de vide, tellement redondants… Le personnage lui-même n’est qu’une triste resucée de Hans Landa chasseur de juifs, si bien qu’à chacune des apparitions de Waltz on a l’impression de regarder de possibles (mauvaises) scènes coupées d’Inglourious Basterds.

Un désastre.

A part Django, vengeur obsessionnel et mono-maniaque (le type de personnages que Tarantino n’a aucun mal à écrire), les personnages sont d’ailleurs dans leur ensemble entre peu et pas du tout crédibles, sans motivations, sans corps et sans cohérence, puisqu’enchaînant les réactions contradictoires. Quant au scénario, il est à l’avenant: bourré d’incohérences insultantes pour l’intelligence du spectateur moyen et de rebondissements poussifs et ridicules, tirant à la ligne dans des proportions qui vous rappelleront, au choix:

– vos copies de philo, quand vous n’aviez vraiment RIEN à dire sur le sujet imposé et essayiez malgré tout de produire une copie double;

– les romans de gare pourris que vous lisiez chez votre Mémé pendant l’été (genre “SAS contre OSS117 – opération Bermudes mortelles”, vous voyez le truc)

– les épisodes les plus poussifs des séries TV les plus ringardes des années 80 (imaginez un truc du style Magnum contre Dynasty).

Donc, vous l’aurez compris, sur ce terrain là non plus, la qualité n’est pas vraiment au rendez vous. J’ai même carrément eu la nette impression qu’en osant me présenter un boulot pareillement bâclé, Tarantino se payait ouvertement ma tronche et me prenait sans ambages pour une quiche.

Pour tout dire, j’ai fini par fouiller dans mon sac pour regarder l’heure sur mon portable, histoire de savoir combien de temps il me restait à tirer, parce qu’au troisième rebondissement tout pourri mené à deux à l’heure grâce à un montage lamentable (sur lequel je vais revenir), j’en avais vraiment ma claque. Venant de moi, regarder l’heure pendant le film, c’est vraiment l’insulte suprême. Je n’ai fait ça qu’une seule fois auparavant dans ma vie de cinéphile; et là Quentin, ça va faire très mal, mais tu l’as bien cherché: c’était pendant la projection de Ruby Sparks.

Mais oui Quentin, c’est bien ça: je viens de te faire tomber un parpaing sur le pied, et en plus j’ai fait exprès.

Aïe, ça picote ...

Aïe, ça picote …

Le montage, donc, est une hérésie totale, enfoncé encore d’un cran par la pauvreté des cadrages et de la photo; on se demande à quoi a bien pu servir Robert Richardson, le chef opérateur, qui nous avait habitués à mieux… Sans doute s’est il contenté d’approuver aveuglément tout ce que pouvait dire Tarantino sans jamais oser mettre son grain de sel de peur de contrarier le patron? En effet, au delà de l’absence de rythme et de la monotonie des plans (même au cours de la fusillade finale, le rythme est inadapté, par faute de variation dans les cadrages, ce qui tend à accroître la sensation de répétition, donc de lenteur poussive, de l’ensemble), on s’attristera tout particulièrement sur l’usage du zoom avant rapide, dont la systématisation est, réellement, pitoyable. Car le travail de Quentin est à ce point médiocre qu’il finit en effet par ne plus tant fâcher que par faire peine.

Un seul de ces zooms aurait constitué un sympathique clin d’oeil aux films de Bruce Lee; mais cinq fois dans le même film, avec qui plus est un bruitage ridiculement lourd venant à chaque fois souligner un effet déjà pachydermique, ce n’est plus de la maladresse, c’est carrément de la dépression suicidaire. Allez savoir, Tarantino est peut-être très malade.

Malade, mais le "d" est silencieux.

Malade, mais le “d” est silencieux.

Quant à la bande son… Considérant sans doute qu’il avait épuisé son stock de thèmes western sur ses précédents films, ou alors simplement pour faire le mariole, Tarantino a multiplié sur Django unchained des choix musicaux qui me paraissent fort peu avisés. Après avoir utilisé en ouverture le générique de la franchise initiée par Franco Nero (seule piste sonore que j’aie appréciée durant le film), Quentin nous balance une version assez malheureuse, car en dièse, de Sierra Torride, pourtant originellement très belle musique composée par Morricone pour le film de Don Siegel, mais qui en l’occurrence tombe comme un cheveu sur la soupe.

Tous les choix musicaux qui suivent seront de plus en plus malheureux, en passant par une chanson originale parfaitement insupportable aux paroles à l’eau de rose (musique écrite par Morricone mais “chantée” par Elisa, qui est désormais une ennemie personnelle). Il y a aussi les trop nombreuses incursions sonores de RZA, rappeurs fatigants dont Tarantino s’est fait des amis envahissants, au point de s’attifer tout pareil qu’eux, ce qui prouve qu’il n’a pas conscience du ridicule vestimentaire.

La déchéance se poursuit jusqu’en fin de film, où Tarantino parvient à aligner, sur trois scènes consécutives, trois pistes sonores à la queue-leu-leu, dans un style qui rappellera les meilleurs moments du diaporama généré automatiquement sur iPhoto (ou sur Powerpoint). Ahurissant. Je me pinçais pour le croire. Je rappelle que nous sommes en train de parler de Quentin Tarantino, le cinéaste musical par excellence. Incompréhensible.

Sur la musique de "Une petite maison dans la prairie"

Sur la musique de “Une petite maison dans la prairie”

La dernière couche? Elle ne sera pas tant pour la lourdeur infernale du message militant pro-noir-américain (quoique, franchement, Quentin, ça finit par être fatigant à force d’être didactique, il y a un moment où il faut choisir entre l’écriture d’un scénario et l’écriture d’un tract) que pour l’extraordinaire contre-productivité dudit message.

Il n’y a aucun doute, c’est totalement involontaire (mais du coup d’autant plus ennuyeux); force est de constater qu’en conclusion de son film, Tarantino, qui aurait vraiment dû se relire, balance une phrase qui atteint un niveau de racisme proprement ahurissant.

Brièvement, sachez que le personnage de Leonardo di Caprio passe une grande partie de son temps de présence à l’écran à dégoiser sur l’infériorité des noirs et le fait que “Django fait exception à sa race” car “un nègre avec de l’intelligence et une personnalité, c’est rarissime“, évaluant “à hauteur d’un sur dix mille l’occurrence d’un tel phénomène“. Bon, c’est un vilain, quoi, il dit des trucs de vilains.

Redressement fiscal pour tous, je dis des trucs de vilaiiiiiin!!!

Redressement fiscal pour tous, je dis des trucs de vilaiiiiiin!!!

Eh bien, croyez le ou non, mais à la fin du film, Jamie Foxx confirme ses théories nauséabondes, et je vous garantis que ce n’est pas de façon sarcastique. A la fin donc, tout le monde s’entre-tue, y a du sang plein les murs, tout ça tout ça, bref, Django, qui s’apprête à abattre le dernier survivant dans la plantation de di Caprio, tonne sur son ultime adversaire qui se contorsionne au sol: “En une vie passée sur la plantation tu as dû voir défiler, quoi, 9000 esclaves? 9999? Et aucun d’eux n’a jamais fait de difficultés! Mais ton patron avait raison, moi je ne suis pas comme les autres noirs! Des nègres comme moi il n’y en a vraiment qu’un sur dix mille – et tu as eu le malheur de finir par me rencontrer!

Euh… attendez, j’ai bien compris, là, ce qu’on me dit c’est: “C’est vrai que les noirs sont tous de grands enfants bêlants et soumis, mais moi je fais exception à la règle, alors du coup je suis capable de prendre la décision de te casser la gueule“? Ah ben, voyez, moi qui ne suis pourtant pas une obsédée du racisme sous-jacent, je trouve cette phrase très, très gênante… Et elle me pousse en tout cas à affirmer que Tarantino n’a vraiment visiblement pas pris la peine de relire son script, que d’ailleurs ses assistants de production ont tous dû unanimement qualifier de “super génial et trop maxi courageux”. Bravo les mecs, pour laisser passer ça, surtout vu le climat de paranoïa à ce sujet aux Etats-Unis, fallait vraiment être très forts.

3. Allez, Monsieur Tarantino, il faut être raisonnable, prenez vos médicaments.

Alors, quelle explication à cet affreux ratage, à part celle de la dépression grave?

En voici une: Tarantino a malheureusement atteint ce stade où plus une seule personne dans son entourage n’ose lui dire: “tu sais quoi, ce truc-là c’est quand même pas top délire, tu veux pas essayer de le refaire en mieux?” Rôle qu’avaient d’abord rempli les frères Weinstein, ses producteurs qui savaient de quoi ils causaient, et surtout, jusqu’en 2009, Sally Menke, la monteuse géniale qui rattrapait tous les égarements tarantiniens. Or les Weinstein ont désormais trop de sous pour suivre quoi que ce soit d’autre que les mouvements de la Bourse. Et Sally Menke, elle, est tombée malade, et a fini par disparaître fin 2010; elle laisse derrière elle, en plus d’un vide immense, un remplaçant qui n’est qu’un fantoche Fred Raskin, lamentable lèche-bottes qui en outre maîtrise mal ses outils et se contente de coller bout à bout les rushes de Tarantino, en lui disant qu’il est grave trop génial, maîîîîîîîître, ce qui est une façon comme une autre d’assurer la pérennité de son boulot.

Bref, Tarantino est dans le cas de figure typique du gars devenu “archi-bankable” à Hollywood, et qui n’est pas assez génial (ni assez masochiste) pour aller chercher de son propre chef et avec insistance la critique aiguillonnante, que son entourage élargi n’envisage désormais même plus de lui sussurer.

Et pourtant…

Serait-ce de ma part un regain de compassion pour mon héros réalisateur, désormais brutalement passé de Dieu vivant à simple être humain amoché? Je dirais en tout cas que les deux apparitions de Tarantino dans son propre film (raté, tellement raté…) sont peut-être révélatrices d’une certaine conscience de la situation de la part de QT.

Tout d’abord, durant une scène (tellement mal montée! une massive erreur de timing en plein milieu, rendant l’action totalement incohérente) se situant dans le premier tiers du film, un planteur et ses hommes de main organisent une expédition punitive à la nuit tombée contre ce “nègre arrogant” qu’est Django. Tous à cheval, il revêtent, en précurseurs du KuKluxKlan, des cagoules blanches pour décupler leur effet. S’en suit un dialogue trop long mais assez cocasse où les hommes de main constatent que ces cagoules sont fort mal pratiques, qu’on ne voit rien à travers et que les trous sont mal fichus. Un des hommes masqués, en qui l’on reconnaîtra, à la voix et à la gestuelle, Tarantino, finit par conclure (in extenso):

“Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire que les cagoules étaient plutôt une bonne idée au départ mais, sans vouloir accuser personne en particulier, pour ce qui est de la réalisation pratique, nous nous sommes lamentablement ramassés. Alors moi je dis, pour cette fois, tant pis, on fera sans, mais la prochaine fois on mettra toute la gomme!”

Tout est dit, non?

Tout est dit.

Tout est dit.

Et pour enfoncer le clou, la seconde apparition de Tarantino achève de m’attrister par ce qu’elle a de révélateur; en effet, en toute fin de film, au cours d’un des rebondissements les plus affligeants d’un scénario dont on n’attendait plus rien depuis longtemps, Tarantino vient camper un petit rôle, presque sans dialogues, ce qui en soi est déjà significatif: Quentin reconnaîtrait-il qu’il n’a plus rien à dire?

Il apparaît en tout cas fatigué, gras et triste. Et surtout, il se fait descendre par Jamie Foxx au moment le plus inopportun, c’est à dire alors qu’il charrie des sacs de dynamite. Si bien que Tarantino se filme explosant sur place, réduit en poussière par un de ses personnages assoiffés de vengeance, sur lidos duquel il comptait se faire de l’argent facile. Faut-il y voir la fin explosive qu’il appelle de ses voeux?

En tout cas, s’il comptait sur ce film pour finir en feu d’artifice, Tarantino a lamentablement loupé son coup; car si Django unchained doit marquer la mort de mon cinéaste de prédilection, ce sera d’une mort beaucoup plus dans le genre “ah c’est ballot, il changeait une ampoule et il a glissé du tabouret” que dans le genre “suite à une lutte furieuse au dessus de l’Atlantique, son avion est tombé en flammes, criblé par les balles du terrible Baron Rouge“.

Tarantino ou ce qu'il en reste, après le malheureux incident du tabouret de Mlle L.

Tarantino ou ce qu’il en reste, après le malheureux incident du tabouret de Mlle L.

Allez, Quentin, reprends-toi.

Vous n’avez pas le droit de finir comme ça, chéri. C’est trop triste, trop bête… Trop sale.

Lâchez un peu tous les traîne-patins et autres lèche-bottes qui vous entourent, reprenez le vrai boulot avec juste quelques copains, un budget divisé par dix-mille, et faites un vrai film, un vrai truc bien qui sentira la poudre et la sueur, et pas le plateau-repas usagé.

Rappelez-vous ce que vous pouviez faire, il y a tout juste vingt ans, avec douze acteurs, un hangar et deux caméras.

Ca s’appelait Reservoir Dogs et c’était époustouflant.

Alors, pour paraphraser le langage qui vous est cher, laissez-moi, tendre ami cinéaste, vous répéter mes encouragements.

MERDE, QUENTIN, C’EST GRAVE, BOUGE TOI LE CUL, T’ES EN TRAIN DE DEVENIR UNE SALOPERIE DE GROSSE LARVE OBÈSE!

A la prochaine, cher Quentin, et d’ici là travaillez bien.

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Carnage

In a nutshell: Four outstanding actors face one another in a play by the talented Yasmina Reza, directed by Roman Polanski, no less. Minor fairly static work but good times.

En cette période de Noël alors que nos critiques réguliers et, probablement, nombre de cinéphiles, reviennent sur l’année écoulée et les bons films qu’ils ont pu apprécier et affutent leur classement – Top 10 à venir … -, Miss J. et moi-même tentons désespérément de nous mettre à jour car le temps nous a manqué de pouvoir recenser tous les films que nous avons eu la chance de voir ces 12 derniers mois. Certains s’en sortent bien mais ce serait péché que d’en oublier d’autres (dire que Tree of Life, Pina ou The Trotsky ne seront peut-être pas chroniqués !).

En ce dimanche, jour de Noël, que nous souhaitons chaleureusement à tous, la majorité de nos lecteurs passera probablement la journée en famille dans un face à face souvent affectueux, parfois tendu, régulièrement convenu. Rien de mieux en ce jour que de proposer l’adaptation sur grand écran de l’une des pièces mineures de Yasmina Réza, Le Dieu du Carnage, par le très talentueux Roman Polanski. Carnage narre la rencontre de deux couples de parents dont les enfants se sont battus, l’un ayant frappé l’autre avec un bâton et lui ayant cassé une dent. Réunis pour agir de manière constructive et permettre à leur progéniture de se réconcilier, le rendez-vous s’éternise et le vernis de civilisation se craquèle pour laisser apparaître la véritable nature de chacun. Servi par une distribution exceptionnelle, la partition est jouée au demi ton près et le plaisir de voir Christoph Waltz et Kate Winslet se mesurer à Jodie Foster (qui en fait peut-être un poil trop) et John C. Reilly vaut le prix du billet. Ces acteurs sont merveilleux. Rien de moins.

Comme Mlle Winslet, sortez vos mouchoirs, ouvrez vos cadeaux, et préparez-vous au Carnage!

Le film n’est cependant pas le film le plus abouti du réalisateur pour plusieurs raisons. Tout d’abord la pièce de Yasmina Réza n’est pas aussi solide que ce qu’elle pourrait être, extrêmement statique, elle oblige, en dépit de tout bon sens, deux couples à rester dans un salon alors que la logique des personnages eût voulu qu’ils se séparent très vite. Si cette unité de lieu est précieuse au théâtre, elle paraît souvent moins crédible au cinéma et malgré la remarquable fluidité de la caméra de Polanski, on ne réussit guère à atteindre cette suspension de l’incrédulité dans laquelle tout bon spectateur consent à se plonger une fois le rideau levé. Ensuite, le recours à l’alcool (un excellent whisky) pour faire avancer l’action rend boulevardière la tension créée entre les quatre antagonistes et la frustration, la cruauté, la profondeur sous-jacente à la farce s’estompent. Enfin, à son habitude, le réalisateur donne l’impression de bâcler la fin de son film qu’il clôt avec une brutalité désarçonnante.

La comédie reste brillante, l’interprétation virtuose, la mise en scène au cordeau, et l’intelligence de Polanski s’exprime pleinement tant la caméra accompagne le point de vue de chacun et défend la subjectivité des quatre personnages. Il est, de plus, difficile de ne pas penser que la pièce reflète la vie et les thèmes de prédilection du réalisateur français et polonais qui du Locataire au Pianiste ou au Ghost Writer revient sans cesse au huis-clos, à la sauvagerie sous-jacente des hommes et leur pulsion, jusqu’à l’humour grinçant qui enrobe le tout. Cet ajout amène une dimension supplémentaire à cette farce sociologique assez formatée et relève le côté attendu, intello-chic, khâgneux moqueur, que l’on trouve parfois dans les oeuvres de Réza. Que tout cela ne vous décourage pas néanmoins d’aller apprécier ce petit plaisir qui démonte si bien les faux semblants et les bons sentiments servi, je le redis, par des acteurs dont le bonheur à jouer, Waltz en tête, est jouissif.

Bonne fêtes à toutes et tous !

En résumé : Quand on laisse deux couples soit-disant civilisés dans un appartement pendant quelques heures pour régler une dispute entre leurs enfants, c’est la fin du monde, mais un beau moment cinématographique. 

Happy Christmas, dear readers! Here at Franglaisreview we have quite the backlog of films to write up, but as we are all for alliteration, Carnage is our Christmas critique of choice. Polinski’s latest film is an adaptation of Yasmina Réza’s play The God of Carnage, a tense huis clos set in the living room of a New York apartment. It stars two sets of parents who have met up to try to come to an amicable arrangement after their two sons get into a fight, leaving one with a missing tooth. What begins superficially pleasantly quickly degenerates into a breathtaking meltdown where more than a few home truths are flung onto the table, and surface cracks in the characters’ lives and marriages tremble into giant crevasses.

The cast of Carnage wishes you a very happy Christmas

This film really is a gift for its actors, as its intense unity of focus and the range of emotions covered allow for true virtuosity of performance. And Jodie Foster, John C. Reilly, Christoph Waltz and Kate Winslet  are really up to the task. They gradually ratchet up the tension, flinching, snarling and sniping, all with a very pleasing mix of black humour which sent waves of laughter across the cinema throughout. As Monsieur D. has already pointed out, one of the weakness of the film at the cinema was the fact that it really doesn’t feel likely that this explosive set of characters would stay together in the same room for longer than, hm, ten minutes tops.

But on the other hand, who cares? With the close-up on the actors and the strong cinematic recreation of the stomach-churning intensity of the theatre play, it’s a bit like going to watch the Opera at the cinema (NB not that I would at the outrageous price UCG are asking for it in Paris – you could get into a real opera at that cost!!) It feels artificial, but you get to watch the best of the best performing their socks off. I’m not sure if it was supposed to be as funny as I found it – but I certainly had a great time, even if it was no Ghost Writer. 

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The Three Musketeers

En résumé : Attention la critique qui suit, quoique exceptionnelle, n’est pas pour tous les lecteurs. This movie review is rated PG-13, parents are strongly cautioned. Reader’s discretion is advised. Mr. J.A. n’est pas content. Du tout. Son résumé des Trois Mousquetaires : c’était mauvais comme du Milla Jovovich. Vous voici prévenus.

Dear Michael Bay,

It seems that I owe you an apology. When I watched your latest instalment of The Transformers (the third one) this past summer, I was under the impression that you were uniquely responsible for making movies designed to crush and mock the few parts of my childhood that still hold nostalgia.

But I was so very wrong. And for that, I humbly apologize.

With The Three Musketeers, Paul Anderson has managed to take that nostalgia, and then crush, mock, stomp, spit on, bend over and ass-rape it before setting it on fire and kicking it over a cliff. And then he stood up and slapped my grandmother across the face.

Mr. J.A.'s childhood memories in mortal danger, and it shall soon be Ms. Jovovich's turn.

This movie was horrendously, startlingly bad. It was a lesson in how to make a terrible movie. I suppose I shouldn’t have been shocked—it starred Milla Jovovich, who proved, once again, why she remains the gold standard in poor acting, i.e., “I saw a movie and the acting was horrible.” “Really? How bad? Like, Milla Jovovich bad?” “Yes. It was Milla Jovovich bad. It was Uwe-Boll-winced-when-he-saw-it bad.” Not since Underworld: Evolution has a director married to the lead actress delivered audiences such a steaming pile of horse manure.

I think Orlando Bloom’s casting in this piece of shit ends any illusion we might have had that he was the one who said, “No,” to the fourth Pirates movie. The poor bastard must really need some money to have said yes to this—like, blackmailed-with-pictures-pairing-him-with-a-dead-transsexual-hooker-and-he-can’t-wait-until-the-Hobbit-comes-out needs some hush money.

I suppose I shouldn’t be so hard on Orlando. As the only English character, his accent (not to mention that he speaking the English language) was the closest to being appropriate. Most of the French characters speak with English accents too, so much so that Ray Stevenson’s (who I really liked in Rome) character has to be introduced as a “sexy Frenchman.” (that’s right, just in case you’re confused, this guy here is in fact supposed to be French). Also, country boy D’Artagnan, played by who-the-fuck-cares, comes with an American accent and smarmy, but flat one-liners so bad that by the time he meets Rochefort I was hoping they’d just kill him and put him out of my misery. I don’t mean simply killing the character—I mean I found myself hoping for a Brandon Lee style we-thought-they-were-blanks kind of mix-up that would ensure I never have the misfortune of catching sight of the little shit ever again.

Oops !

I needn’t really bother with a spoiler alert when discussing the plot here. Concern for spoiling this already spoiled movie is kind of like being worried your yogurt has gone bad—it’s fucking rotten milk. Why are you even eating that shit?

But I digress. Like Dumas’ novel, the Musketeers’ main objective is to return the Queen of France’s stolen diamonds from England. Anderson resorts to a muddled series of twists, attempting to resemble a game of chess in which one is always thinking three moves ahead: Milady de Winter will expect the Musketeers to attack in force, so they will use distraction. But no! The Duke of Buckingham expected that so D’Artagnan was caught. But no! The Musketeers expected that so it was all a ruse. But no! Milady expected that and fled with the diamonds. But no! The Musketeers expected that so used Planchet to catch Milady and the diamonds. Milady jumps off the zeppelin (yes, the zeppelin) to her death. But no! She’s been saved by the Duke who has a fleet of warship zeppelins with which to invade France in the set-up to a sequel?!?

In Anderson’s version of chess, apparently one can castle out of check.

Although Rochefort (Mads Mikkelsen not Jean) is a "Bad Boy", Mr. J.A. wants Michael Bay back.

They spent 80 million dollars making this thing. Clearly they spent big on costumes and really bad CG effects. I had expected this to be swashbuckling meets The Matrix, but Anderson’s attempt at bullet-time is just a slow-motion sequence with running. That’s not bullet-time. That’s the Six Million Dollar Man / Bionic Woman. That’s been around since the 70’s.

To his supporters, Anderson is just a guy having fun making a popcorn movie. They pretend he’s poking fun at the genre. Austin Powers was poking fun at the genre. I don’t know what Anderson was trying to make. And what’s more, I don’t think Anderson knows what he was making either. And for the record, I like popcorn movies. I even like bad popcorn movies (I own all three Blade movies). But this is just a really bad movie, really badly done. Calling this a popcorn movie is an insult to popcorn movies. It’s an insult to movies. It is an insult  . . . to popcorn.

And now if you’ll excuse me, I’m going to re-acquaint myself with Bad Boys, The Rock, and Armageddon.

In a nutshell: After such heartfelt words, and apparently we only got the toned down version, what to say? The Three Musketeers is a turkey, yes! But a rather joyful carefree turkey. No grandmother is getting slapped in the following review.

Dieu merci nous n’avons pas vu ce film en 3D, Mr. J.A. n’aurait sans doute pas survécu. Je vous conseille en tout cas d’aller voir ce film en groupe car si vous avez la chance, tout comme moi, d’être assis entre une Miss J. toute guillerette, pouffant çà et là aux bêtises abracadabrantes d’Anderson, et Mr. J.A.  entre anéantissement et bouillonnante colère sourde, vous ne pouvez que passer une soirée merveilleuse. Il y avait même une quatrième mousquetaire adjointe à notre trio mais je crains que nous n’ayons jamais sa critique.

La mienne sera bien moins sévère que celle, délicieuse, de Mr. J.A. et, je suppose, moins enthousiaste que celle de Miss J. Cette nouvelle version des Trois Mousquetaires peut sans soucis être considérée comme un superbe navet. Mlle Jovovich démontre que l’expérience n’influe en rien sur ses capacités, elle décline avec le temps, et que le 5ème élément reste, à date, sa meilleure interprétation. Messieurs Waltz, Mikkelsen et Bloom sont tous entre cabotinage et minimum syndical mais il n’est pas particulièrement déplaisant de les suivre (même si Orlando Bloom est à la limite du carton rouge). Les 3 mousquetaires et le jeune d’Artagnan manquent de charisme, ce dernier a autant d’intensité qu’un artichaut drogué, mais ils sont, dans l’esprit, étonnamment fidèles à celui de leurs illustres modèles de papier.

Bloom, carton jaune, tout surpris d'avoir survécu à la critique de Mr. J.A.

Le fait est notable tant Paul W.S. Anderson a pris de liberté avec cet extraordinaire roman. On ne peut guère parler d’adaptation mais d’inspiration prise dans ce classique de cape et d’épée. Je ne commencerai pas à dénombrer les incohérences, les anachronismes, la stupidité même de certaines situations, et l’ignorance assumée de ce que pouvait être la France du XVIIe siècle. Nul débat non plus sur les carences dans la direction d’acteurs, les difficultés de montage – l’ensemble est bâclé et un peu longuet car répétitif sur la seconde partie du film –, et la terrible promesse d’un n°2 pesamment évoqué dans les dernières images du film. Mais on trouve aussi dans ce vaste n’importe-quoi une candeur ludique, une joie et une énergie surprenante. On peut imaginer ce film avoir une grande carrière en DVD et plaire aux amateurs de cocktail action/humour déjà un brin éméchés. Et on peut donc s’amuser à quelques unes des sottises et cascades proposées par le réalisateur, car à chaque fois que le rythme pâtit, il suffit de se tourner vers son voisin s’étouffant de rage et rire de plus belle. Il s’avère qu’en fait on a mauvais fond.

En résumé:All for fun and fun for all” ou presque (voir la critique de Mr. J.A.). Ce film n’est pas aussi mauvais que cela, et je vais vous expliquer pourquoi. Vous avez Google Traductions si l’anglais vous échappe. 

So apparently I get the dubious honour of somewhat defending this film, which is pretty ironic given that I had gone expecting it to be awful – I mean, a quick glance at the trailer could have cleared that up, right? So it was less with glee or excitement and more a sense of resignation with a side serving of well-you-never-know that I sat down to watch this film. And I had a pretty good time!

It reminded me of the Castle Lego set of my childhood. You got to create crazy things and have absurd battles – “…and then the giant flying bus full of swordsmen will CRASH into the roof of the SHEEP HOSPITAL and my KNIGHTS will charge over and stampede them and there’ll be a HUGE BATTLE and the PRINCESS will be the referee and then they’ll all DANCE IN THE SKY with the souls of the DEAD SHEEP from the hospital …!!” And director Paul Anderson to my mind is having just such a splurge with this film, only he gets to boss around real people and have actual flying battle boats and a multi-million dollar budget. Respect.

Lego of my boats (caption copyright Monsieur D)

And yes, it gets more and more ludicrous. The acting is perfunctory at best (here’s looking at you, Milla) , but play lego was never about the ACTING, it was about the FUN! And the fact that your story gets more and more elaborate and convoluted, and none of the little plastic critters can contradict you, mwahaha. And we are given a moment of truly great cinema when not one, but TWO giant zeppelins get impaled on the roof of Notre Dame, and wobble about like crazy, and the air starts coming out, just like the air started coming out of poor Dumas’ original masterpiece from the get-go of this eye-popping bit of cinema, but, somehow, all the energy and enthusiasm keeps the whole gargantuan beast afloat until the final moments which can only promise one thing: a SEQUEL! With MORE ZEPPELINS than you could ever IMAGINE!! See you there, Mr J.A.?

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The Green Hornet

In a nutshell: Will you wish that you had a fly swatter every time Seth Rogen opens his mouth? Indeed! Ponder why on earth it is in 3D? Quite! But will you feel the smooth sting of Gondry in the Green Hornet? Definitely!

Michel Gondry s’attache avec bonheur à revisiter le genre qu’est le film de superhéros. Engagé par le scénariste et acteur principal du film Seth Rogen, le réalisateur français insuffle à la formule classique et plutôt bon enfant des films à héros en costumes dans un monde contemporain brutal son originalité ludique de bidouilleur farfelu que les amateurs avaient pu apprécier dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou Be Kind and Rewind, et qui firent de lui l’un des talents les plus disputés d’Hollywood.

Ainsi le véritable héros du Green Hornet n’est pas tant le Frelon Vert/Brit Reid (Seth Rogen), jeune millionnaire orphelin, fat, intellectuellement limité et égocentrique, que Kato (Jay Chou), son loyal et redoutable employé, as du kung fu  de la bricole et, dans une moindre mesure, Lenore Case (Cameron Diaz), secrétaire surdiplômée, véritable cerveau des opérations. Ce trio de choc est alors propulsé dans des aventures auxquelles ils ne sont que peu préparés en se heurtant initialement par jeu au chef des mafias de Los Angeles, le naïf et terrifiant Chudnofsky (Christoph Waltz étincelant).

Gondry fourmille à son habitude d’idées, de maîtrise technique (jusqu’à séparer son écran en huit) et propose de très jolies scènes: notons une voiture (un coupé?) dans un ascenseur,  la maestria de Kato faisant face pour la première fois à une bande de délinquants, ou encore la présentation de Chudnofsky, attentif aux conseils d’un jeune gangster insolent (James Franco superbe), à la fois effrayante et drôle. Le savoir-faire est évident et le résultat est rythmé et léger malgré çà et là quelques longueurs ou absurdités.

Cirer sa carosserie, méthode Kato/Gondry

On ne peut évidemment pas faire le procès d’un manque de réalisme à un film qui décrit un univers grotesque, mais, par exemple, la dispute à coups de poings de Reid et Kato, s’achevant par la victoire surprise de Reid, laissera incrédule, le reste du film montre bien que si Kato veut que vous restiez à terre, cela arrive instantanément. Ces brefs moments empêchent la mayonnaise de prendre vraiment et de pleinement se laisser emporter par le tempo du film. L’usage de la 3D est une autre faiblesse, tant les lunettes assombrissent et diminuent l’écran, et à l’exception d’Avatar aucun film ne convainc, on assiste plus à une sorte de théâtre de marionnettes qu’un effet accentué de troisième dimension.

Enfin, le personnage principal, le fameux Frelon Vert, est si confit d’ignorance et de bêtise que jamais il n’évolue ou ne réfléchit, ce qui le rend insupportable et donne envie que le charismatique Chudnofsky lui ferme définitivement son clapet. On peut comprendre l’influence de la Panthère Rose sur les références revendiquées de ce film mais l’inspecteur Clouseau a des charmes et une innocence que Brit Reid n’a pas.

On s’amuse néanmoins des maladresses de ce grand crétin, du charme mutin de Diaz, de la modestie létale de Kato et des cabotinages géniaux de Waltz, à qui j’espère on confiera d’autres rôles qu’uniquement ceux de méchants caricaturaux, tant son talent le mérite. Cette ode aux seconds couteaux devrait donc vous faire passer un bon moment, même si je vous conseille d’essayer de la trouver en 2 plutôt qu’en 3D.

En résumé : Un film d’action comique en 3D de Michel Gondry sur la volonté de devenir des super-héros, qui ne manque pas d’humour, mais qui semble en panne de profondeur.

I’ve been a fan of director Michel Gondry ever since being blown away by Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Since Avatar, I’ve also been a willing partaker in 3D film showings, even if some cinemas delight in charging an extra 3 euros for the privilege. Sadly however, the combination of 3D and Gondry’s latest, The Green Hornet, did not bring forth the cinematic fireworks I had been hoping for, although it wasn’t by any means a pile of old rubbish either. Something is increasingly starting to trouble me about 3D – it’s general insipidity compared to what it should be capable of in terms of playing with, well, the three dimensional side of things. While James Cameron’s Avatar genuinely was quite splendid, ever since, with the possible exception of How to Train Your Dragon, every single 3D film I’ve watched has been a let down at best in the visuals department. It has the side effect of darkening the screen, and making it appear much smaller than it actually is. There is often a pop-up book impression, where the characters slide about flatly on gently receding planes, yet appearing to have no depth themselves. Almost nothing comes right out towards your face as it full well could, but instead loiters shyly at a distance. All that in exchange for a nasty encroaching behind-the-eyes migrainey sensation from the glasses that you’re supposed to be able to wear over normal glasses, but just try doing that without them clamping down on your nose like some kind of over-zealous clothes peg.

3D glasses: feeling the pinch

So, The Green Hornet was a let down in the 3D department, adding to the high-adrenaline side of things a little, but without playing on its capacities or particularly stretching it. The more time passes, the more Avatar is starting to feel like a flash in the pan and quite possibly a masterpiece in 3D, rather than representing its basic starting blocks, which I’d assumed it was at the time. Meanwhile, the mood set by The Green Hornet is resolutely silly. It’s determined to ham up everything using 3D for a piece of work that glorifies surfaces, special effects flying, revelling in the exuberance of it all, giving in to the spectacular and rolling around in it, whooping with delight before zooming off for another piece of Excellence. Bill and Ted style. On this level, it’s pretty successful. There’s lots of bodacious humour, with a meat head in the form of Britt Reid (Seth Rogen), as an occasionally endearing but mostly highly annoying and stupid media heir. Jay Chou is his intelligent and almost supernaturally gifted, but demeaned sidekick, and together they set out to be superheroes, taking on Los Angeles crime barons. Cameron Diaz meanwhile plays Lenore Case, a brilliant criminologist stuck in the role of a secretary and the butt of Britt’s crass attentions.

Action and thrills and a 1930s radio show

The story itself is a derivative of a 1930s radio show, and it has the polished smoothness and knowingness to its hamminess that suggests confidence in a noble lineage that doesn’t feel the need to prove itself plot-wise. The gangsters are the most enjoyable elements, in particular the boss of the LA mafia as he goes through what looks like a mid-life crisis. It’s all slick stuff, perpetually frantically paced and what with the 3D whizzing and zooming, there’s little time to get bored. But the final result is somehow shallow, as if you’ve been leafing through a few comic books without any time to really get stuck into any of the storylines or to linger over the images. Ironically for a film experimenting in 3D, depth is what’s lacking the most, and what sets it up so unfavourably for comparison with Eternal Sunshine of the Spotless Mind, which was visually even more inventive, but towering above this in terms of ideas and substance.

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